Favoriser l’expression des non-dits dans une équipe

Fréquemment, l’expression des non-dits est une étape significative vers la redynamisation d’une équipe. Plus « l’intensité électrique » est élevée dans un groupe, plus les non-dits ont besoin d’être considérés pour le renforcer. Mais l’expression des non-dits fraye aussi un chemin à des interactions quelquefois difficiles.

Dans plus d’une de nos relations, les non-dits remplissent abondamment nos silences. C’est un risque que de parler, dire ce que nous éprouvons, déclarer notre désaccord, défendre nos besoins, poser nos limites.

Nous subsistons cachés dans les replis de notre aphasie, par peur. Peur d’importuner, d’indisposer, d’entraîner des antagonismes. Par conséquent, nous demeurons dans la peur d’être nous-mêmes, de nous dévoiler tels que nous sommes, de nous enhardir à être tout ce que nous abritons !

À tel point qu’à force d’entasser les non-dits, nous nous retrouvons un jour avec une telle menace intérieure qu’au plus petit sursaut extérieur, tous nos non-dits se pressent au portillon… et nous voilà occupés à expectorer notre insatisfaction, notre courroux, à extraire avec fureur tout ce que nous n’avons pas osé dire depuis belle lurette : et voici les trop-dits !

Nous en arrivons à nous repentir de certains mots, de certaines « échardes de tempérament », de certains épanchements déversés sans mesure, sans bienveillance ni pour l’autre ni pour soi. Nos trop-dits se transforment en lames acérées dans le cœur de la relation, meurtrissant foncièrement l’autre, ou nous-mêmes, et apparaissant souvent comme irrémédiables.

« Qui ne dit mot consent », dit l’apophtegme. Il est néanmoins des mutismes qui révèlent beaucoup plus qu’on ne veut bien le penser. Le tout est de s’initier à percevoir l’inaudible…

À l’issue d’une séance, un coaché que j’accompagne me dit un jour : « Merci d’entendre aussi ce que je ne dis pas ». Dans une authentique relation de coaching, je me demande souvent ce que l’autre me dit d’autre que ce qu’il dit quand il dit ce qu’il dit (!!!).

Il est véritablement question d’entendre quel cheminement occulte s’opère au milieu de la densité des développements d’un coaché. Évidemment, si l’on s’accommode de son propre tourbillon ou verbiage, pressé de décrocher des réparties à ses questions de coach, dans la cavalcade vers l’aboutissement, vers l’éclaircissement instantané de l’objectif, il est superflu d’aspirer à entendre et écouter le non-dit ; ni au demeurant quoi que ce puisse être d’autre.

Pour intercepter ce que le coaché diffuse comme messages, éclaircissements et requêtes, il convient aussi d’être vigilant au « langage muet ». Pour être au plus près de ce qu’il manifeste comme besoins, le coach effectue un véritable époussetage de son oreille interne afin d’avoir la possibilité de déceler ce qui est du registre des ‘vibrations de l’âme’.

Mais comment ? Devenir acolyte et partenaire du silence. Écouter ce silence pour entendre ce qu’il dit ou ne dit pas. Écouter ses propres intuitions, leur retentissement intérieur et leur faire une ample place dans cet espace de coaching.

Étant son propre instrument de travail, le coach participe à aiguiser ses sens, à soigner son intuition, à préserver son bien-être et à nourrir son esprit d’analyse. De ce fait, il devient l’outil animé de sa pratique et implémente son propre processus d’accompagnement.